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Fiche DST "Le Démon de la Théorie" d'A. Compagnon

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Message  Céline Labrez Dim 9 Oct - 13:47

Le Démon de la Théorie

Antoine Compagnon

*L’élément littéraire : Le lecteur*

➢ La place du lecteur varie selon les études litt. Ici, ça sera une approche d’abord qui ignorent tout du lecteur et une approche qui le met en valeur…

LA LECTURE MISE HORS JEU

-La lecture conforme à l’attente du texte est une lecture qui se nie elle même comme lecture. Pr Brunnetière et Lanson, chacun à sa manière il s’agit d’échapper au lecteur et à ses caprices, d’encadrer ses impressions par la discipline, d’atteindre l’objectivité de l’œuvre.

-Autre déni de la lecture : pas plus que l’écriture de l’œuvre moderne ne se veut expressive, sa lecture ne réclame d’identification de la part de quiconque car l’œuvre existe tel en eux-mêmes, détaché de l’auteur et du lecteur.

-Malgré querelle sur l’intention d’auteur, l’historicisme (=ramenant l’œuvre à son contexte originel) et le formalisme (=demandant le retour au texte dans son immanence) ont lgtemps bannis le lecteur (exprimé dans les New Criticism dans l’entre 2 guerres) :
définissaient l’œuvre comme une unité organique autosuffisante dont il convenait d’avoir une lecture idéalement objective, descriptive, attentive aux paradoxe, aux ambiguïtés…

-Pourtant l’un des fondateurs du New Criticism (le philosophe I. A. Richards) n’ignorait pas le prb posé à la lecture littéraire par l’étude empirique. Il avait un pt de vue anti subjectiviste :
pdt des années il demanda à ses étudiants de Cambridge de « commenter librement » qlq poèmes qu’il leur soumettait sans noms d’auteur, et la semaine suivante il faisait son cours sur ces poèmes ou sur les commentaires des étudiants. Il leur demandait en gros leur réactions sur les poèmes, et un certain nbr de traits typiques apparaissent : arrogance, immaturité, manque de culture, incompréhension, clichés, préjugés, psychologie populaire, etc.

L’ensemble de ces déficiences faisait obstacle à l’effet du poème.
Ces obstacles pouvaient être levés par l’éducation afin d’accéder à une compréhension pleine et parfaite du poème : la mécompréhension et le contresens ne sont pas des accidents, la lecture échoue en général devant le texte -> Richards un des rares critiques qui osait porter ce diagnostic catastrophique.

La poésie c’est difficile, déconcertant, ambiguë… donc normal qu’il y avait tous ces obstacles -> donc cette étude de Richards a quand même permis de renforcer la nécessité théorique d’une lecture objective, soignée, rigoureuse.

-Pour la théorie litt. (marquée par volonté de décrire le fonctionnement neutre du texte) le lecteur a été un intrus aussi. Se contente de faire d’un lecteur abstrait ou parfait qd il faut faire la part du lecteur dans leur analyses > donc desciption des contraintes textuelles objectives (en gros pcq le lecteur est idiot ^^) à condition qu’il se conforme à ce que le texte attend de lui => donc le lecteur une fonction du texte, Riffaterre nommait « l’archilecteur », lecteur omniscient qui n’existe pas, aucun des lecteurs peut s’y identifier en raison de ses facultés limitées (en gros on est encore trop idiot pr comprendre le texte même s’il y a des explications dans le textes ^^)
En général pr la théorie litt. un lecteur compétent, idéal, qui se plie aux attentes du texte qui est demandé.

CCL° : Du coup méfiance du lecteur de la part des auteurs est partagée entre positivisme, formalisme, New Criticism et structuralisme > à cause de la mécompréhension, le lecteur empirique, les ratés de la lecture, d’où ces tentations d’ignorer celui-ci OU de formuler leur propre théorie comme une discipline de la lecture (cf. Richards) OU lecture idéale visant à remédier aux défauts des lecteurs empiriques.



LA RESISTANCE DU LECTEUR

-Proust dit que ce qu’on se souvient ce n’est pas le livre lui même mais le cadre dans lequel on l’a lu, les impressions qui accompagnent la lecture > lecture empathique, projective, identificatoire.
_Livre adapté aux soucis du lecteur, applique ce qu’il lit à sa propre situation.
_L’écrivain contrôle peu le lecteur aussi (il dit pas dans les préfaces ou autres « mon lecteur ») pcq en réalité chaque lecteur est qd il lit son propre lecteur, le livre n’est qu’un instrument d’optique qui permet au lecteur de discerner grâce à ce livre ce qu’il n’eût peut-être pas vu en sois même (j’adore cette phrase :p)
-Lecteur libre, majeur, indépendant : son but c’est plus de se comprendre lui même que le livre (thèse proustienne qui effrayait Lanson, du coup il a fait des sortes de sondages qui pourraient montrer le contraire, càd que ce que ressentent chacun en lisant un livre est commun… mais bon, il s’est rendu compte que non, chacun effectivement interprète à sa manière)

-Proust disait : « Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur », il affirmait en fait que l’écriture et la lecture se rejoignent : l’écriture décrite comme la traduction d’un livre intérieur, lecture comme une nouvelle traduction dans un autre livre intérieur.

CCL° : prb crucial du jeu de la liberté et de la contrainte >
Qua fait le lecteur du texte qd il lit ?
Que lui fait le texte ? (hm…)
La lecture est-elle active ou passive ? (hmm…)
Plus active que passive ? (hmmm…je saisis mieux le titre du livre, c’est un peu malsain tout ça ^^ )
L’image d’un lecteur en « liberté surveillé », contrôlé par le texte, est-elle la meilleure ?
Mais il faut encore élucider ce terme de réception.

RECEPTION ET INFLUENCE

-Lecteurs étaient pris en compte souvent qd ils étaient des auteurs.
Simple ex : ds éditions commentées on trouve section sur les « Jugements contemporains » et une autre sur « L’influence » de l’œuvre > donc la fortune d’une œuvre mesurée par son influence sur les œuvres ultérieures, pas par les lectures d’amateurs.

-Ms il y a des exceptions qd même : sous le nom d’étude de Réception, on songe à l’analyse plus étroite de la lecture comme réaction, individuelle ou collective, au texte litt.


LE LECTEUR IMPLICITE

-Distinction ‘poiesis’ et ‘aisthèsis’ – la production et la consommation (comme disait Valéry ) dans les études de réception, on regarde comme l’œuvre affecte le lecteur à la fois passif et actif
> L’analyse vise l’effet produit sur lecteur, individuelle ou collectif, et sa réponse.
Ces travaux se divisent en 2 : _Ceux qui révèlent la Phénoménologie (=étude de l’expérience et du contenu de conscience) de l’acte individuel de lecture
_Ceux qui s’interessent à l’Herméneutique (=art d’interpétrer) de la réponse public au texte

-« L’objet litt., écrivait Sartre, est une étrange toupie, qui n’existe qu’en mouvement. Pour la faire surgir, il faut un acte concret qui s’appelle lecture, et elle ne dure qu’autant que cette lecture peut durer. » > en fait l’objet litt, lgtemps vu comme un volume, la phénoménologie a insisté sur le temps de lire.

-Le texte peut être un dispositif potentiel sur la base duquel le lecteur, par son interaction, construit un objet cohérent, un tout.
Le sens est un effet dont le lecteur fait l’expérience et non un objet défini, préexistant à la lecture > Iser procède à ce modèle phénoménologie.

-Chez Ingarden, le texte litt. a double existence : existe indépendamment de la lecture, dans les textes et les bibliothèques, mais se concrétisent seulement par la lecture => l’objet litt. authentique est l’interaction elle-même du texte et du lecteur.
C’est un schéma virtuel (une sorte de partition) fait de blancs, de trous et d’indéterminations (=des failles, des lacunes qui sont réduites par la lecture). Autrement dit > ‘Le texte instruit et le lecteur construit’.

-Chez Iser, notion principale qui en découle est celle de lecteur implicite, calquée sur l’auteur implicite, car un auteur ne se retire jamais totalement de son œuvre.
=> Donc il y a une place prédisposée pr le lecteur dans tout texte dans laquelle il est libre de se ranger ou non. (Bon exemple dans le Père Goriot au début « Ainsi ferez vous, vous qui tenez ce livre… » L’auteur implicite s’adresse au lecteur implicite.
_Iser critique, c’est comme si on donnait un rôle au lecteur pour que le livre ait son effet, ce sont des instructions et donc des contraintes

_Le lecteur implicite est un modèle pr le lecteur réel ; le rôle du lecteur réel est à la fois passif et actif

-La lecture peut être perçu comme un long voyage, le lecteur un voyageur.
Il a un point de vue mobile sur le texte > ça veut dire qu’il combine tout ce qu’il a lu grâce à sa mémoire, mais jamais totale itinéraire.

-Puis il y a le répertoire (tjr selon Iser) c’est à dire les normes sociales, historiques, culturelles apportée comme bagage nécessaire à sa lecture.

CCL° : Mais cmt se rencontrent, s’affrontent pratiquement le lecteur implicite (conceptuel, phénoménologique) et les lecteurs empiriques et historiques ? Ceux-ci se plient-ils nécessairement aux instructions du texte ? Et sinon, comment rendre compte de leurs transgressions ? La lecture réelle peut-elle constituer un objet théorique ?


L’ŒUVRE OUVERTE

-Le lecteur implicite doit obéir aux instructions… le lecteur réel a soit le choix de jouer le jeu ou bien refermer le livre, pcq certes l’œuvre est ouverte ms seulement pr les lecteurs qui y obéissent.

-Pour Iser le lecteur réel, bien qu’il joue le jeu souvent, jouit d’un degré supérieur de liberté pcq les textes sont de plus en plus indéterminés. Donc le lecteur doit de plus en plus fournir de son propre cru pr compléter le texte.

-Théorie attrayante, peut-être trop même. Le lecteur d’Iser est un esprit ouvert, libéral, généreux, prêt à jouer le jeu du texte (au fond c’est un lecteur idéeal), c’est à dire pr des lecteurs savants placé devant un texte réaliste, devant fournir à l’aide de sa mémoire litt. de quoi transformer un schéma narratif incomplet en une œuvre traditionnelle, en un roman réaliste ou naturaliste.
Mais alors pour les autres lecteurs ?

-Reproche la plus sévère de sa théorie c’est qu’elle fait du lecteur un rôle (qd jeu joué) en même temps libre et contraint, et cette réconciliation texte/lecteur a l’air d’éviter les écueils (=obstacles, difficultés) habituels de la théorie litt. .Il a une vision conservatrice. En fait, l’auteur est toujours maître du jeu en mettant ces instructions au lecteur, il se sauve en faisant ça, c’est à dire que les lecteurs compétents lisent forcément les mêmes textes différemment, plus à fond, qu’un autre lecteur (critique de Frank Kermode)

-Partisans d’une plus grande liberté du lecteur regrette que la pluralité de sens reconnue au texte ne soit pas infinie, ou que l’œuvre ne soit pas réellement ouverte, mais simplement entrebâillée.



L’HORIZON D’ATTENTE

-Soit intéressée au lecteur individuel (c’est la phénoménologie), soit l’accent mis davantage sur la dimension collective de la lecture.
(sinon l’horizon d’attente, la déf. est dans le cours ^^)

LE GENRE COMME MODELE DE LECTURE

-Le genre est une branche bien développée des études litt. mais ne fait pas parti des questions fondamentales « Qui parle ? De quoi ? A qui ? » ou alors c’est sous la dépendance d’une autre question élémentaire.
> Il est question de genre à propos du lecteur, comme modèle de réception, composante de l’horizon d’attente.

-Genre permet de classer les œuvres, ms sa compétence (ici) c’est de fonctionner comme un schéma de réception, une compétence du lecteur.
Brunetière dans ses analyses le genre a un rôle de médiation entre l’œuvre et le public –dont l’auteur- comme horizon d’attente.

-Donc toute lecture serait inséparable de contraintes génériques, comme le lecteur s’y réfère pr son horizon d’attente. Le genre lui informe cmt il devra aborder le texte.

LA LECTURE EN ROUE LIBRE

-Théories de la lecture qui se sont radicalisées et ont alors donné plus de liberté au lecteur > mais c’était un illusion idéaliste (snif…) En effet, la signification litt. a été déporté dans l’expérience du lecteur (plus du texte) .

-Fish a dénoncé cette illusion et a redéfini la litt., non plus comme un objet, mais comme « ce qui arrive quand nous lisons », en mettant l’accent sur l’intemporalité de la compréhension.

-Mais là aussi critiqué ; si cette lecture est vue comme le résultat de l’intention de l’auteur qui l’a programmée, auquel cas l’autorité du lecteur devient artificielle, soit la lecture est décrite comme l’effet de l’affectivité du lecteur, auquel cas on a fait que substituer son intention à celle de l’auteur.
_Fish parle d’autorité « communautés interprétatives » pr désigner la substitution de l’autorité du lecteur à celle de l’auteur puis du texte. En gros, le lecteur est isolé dans ses préjugés, lecteur et texte sont prisonniers de la communauté interprétative à laquelle ils appartiennent.

-Autre critique, les difficultés de la lectures devraient être résolues, au lieu d’être expérimentées par le lecteur comme chacun a des compétences différentes pour comprendre.

CCL° : Pr résoudre le prb posé par l’introduction du lecteur dans les études litt., il suffisait d’abroger (=rendre invalide) la littérature ! (Of course ! The solution !... No ?)

APRES LE LECTEUR

-Donc lecteur longtemps ignoré puis retour sur la scène.
Question qui revient : celle de sa liberté surveillée, de son autorité relative face à ses rivaux.

-L’autorité de l’auteur ou du texte permet d’instituer un discours objectif sur la litt., et
l’autorité du lecteur, d’instituer un discours subjectif – toutes les positions moyennes semblent fragiles et difficiles à défendre.
> L’expérience de la lecture, comme tte expérience humaine, est une expérience double, déchirée, ambiguë : entre comprendre et aimer, entre la liberté et la contrainte, entre l’attention à l’autre et le soucis de sois.

Céline Labrez

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Date d'inscription : 08/10/2011

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